L’optimisation fiscale de votre restaurant commence par le choix du bon statut. Derrière la forme juridique se cachent votre niveau d’impôt, vos cotisations sociales, votre TVA et, in fine, votre rémunération.
Pour un restaurant, bar, brasserie, pizzeria ou food-truck, bien paramétrer son cadre juridique (EI, micro-entreprise, EURL, SARL, SAS, SASU) et son régime d’imposition (micro-BIC, réel simplifié, réel normal, IR ou IS) est l’un des leviers les plus puissants pour améliorer la rentabilité, sans jamais sortir du cadre légal.
Spécialisé dans la restauration depuis plus de 20 ans, le cabinet Compta Resto accompagne chaque année des dizaines d’ouvertures et de restructurations de restaurants, avec un objectif clair : sécuriser le projet et optimiser la charge fiscale dans la durée.
Pourquoi le choix du statut conditionne l’optimisation fiscale de votre restaurant ?
Le statut juridique et fiscal d’un restaurant détermine au moins quatre paramètres clés :
- Comment vos bénéfices sont imposés : à l’impôt sur le revenu (IR, catégorie BIC) ou à l’impôt sur les sociétés (IS).
- Le niveau de cotisations sociales du dirigeant (travailleur non salarié ou assimilé salarié).
- Les règles de TVA (franchise en base possible, régime réel, récupération de la TVA sur les achats).
- La possibilité de déduire vos charges réelles et d’amortir vos investissements (cuisine professionnelle, travaux, matériel, droit au bail, etc.).
Les pouvoirs publics rappellent que, pour les activités commerciales et de restauration, les régimes micro-BIC, réel simplifié et réel normal s’appliquent selon des seuils de chiffre d’affaires précis, avec des effets directs sur l’imposition du résultat et les obligations comptables.Source : Ministère de l’Économie
Autrement dit : le même restaurant, avec le même chiffre d’affaires, peut payer significativement plus ou moins d’impôts et de cotisations selon le statut choisi. L’enjeu est donc de caler ce duo statut juridique + régime fiscal sur votre projet réel (taille du restaurant, niveau d’investissement, endettement, perspective de croissance, situation familiale, etc.).
Les principaux statuts possibles pour un restaurant et leurs impacts fiscaux
Micro-entreprise (micro-BIC) : simplicité mais limites fortes pour la restauration
Le régime de la micro-entreprise (micro-BIC) peut sembler attractif au démarrage : démarches simplifiées, comptabilité allégée et calcul du bénéfice sur la base d’un abattement forfaitaire (71 % pour les activités de vente de marchandises, denrées à consommer sur place ou à emporter).Source : economie.gouv.fr
Conditions principales au 1er janvier 2025 :
- Chiffre d’affaires HT ≤ 188 700 € pour la restauration et vente de denrées à consommer sur place ou à emporter.Référence seuils micro-BIC
- Aucune déduction des charges réelles : le fisc applique un abattement automatique (71 %) censé couvrir achats, loyer, salaires, énergie, etc.
- Pas d’obligation de bilan ni de liasse de résultat ; simple déclaration du chiffre d’affaires sur la 2042-C-PRO.impots.gouv.fr
Dans la pratique, ce régime convient rarement à un « vrai » restaurant : les charges (loyer, masse salariale, matières premières, énergie) dépassent souvent largement 29 % du chiffre d’affaires, ce qui rend l’abattement forfaitaire peu intéressant. Il peut en revanche être pertinent pour un concept très léger (food-truck à faible structure, activité complémentaire, test de marché) avec peu de charges fixes.
Entreprise individuelle au réel (EI) : souplesse et déduction des charges réelles
L’entreprise individuelle (EI) au régime réel (simplifié ou normal) est un cadre fréquent pour les petits restaurants gérés par un seul exploitant. L’entrepreneur et l’entreprise ne font qu’un sur le plan juridique, mais les patrimoines sont distingués depuis 2022, ce qui renforce la protection du patrimoine personnel.Service‑Public : Entrepreneur individuel
Sur le plan fiscal :
- Les bénéfices sont imposés à l’IR dans la catégorie BIC.
- Vous déduisez toutes les charges réelles : achats, salaires, loyer, charges sociales, amortissements du matériel, intérêts d’emprunt, etc.
- Vous êtes soumis au régime réel simplifié tant que votre CA HT est compris entre 188 700 € et 840 000 € pour une activité de commerce/restauration. Service‑Public : BIC régime réel
C’est souvent un bon compromis pour un restaurant de petite taille (peu ou pas d’associés) qui souhaite optimiser ses charges et amortissements, sans complexifier à l’excès la structure juridique.
EURL / SARL : le cadre « classique » des restaurants indépendants
La SARL (ou sa version unipersonnelle EURL) est historiquement le statut le plus fréquent en restauration. Elle permet de séparer clairement patrimoine professionnel et personnel, tout en offrant un cadre connu des banques et partenaires.
Fiscalement :
- Par défaut, la SARL/EURL est imposée à l’impôt sur les sociétés (IS), mais une option temporaire pour l’IR est possible dans certains cas. economie.gouv.fr
- En EURL avec associé unique personne physique, l’IR est le régime par défaut, avec option possible pour l’IS. impots.gouv.fr : EURL
- Les charges réelles et amortissements sont déductibles au régime réel (simplifié ou normal).
Socialement, le gérant majoritaire (souvent le cas en restauration familiale) relève du régime des travailleurs non salariés (TNS), moins coûteux en cotisations qu’un assimilé salarié, mais avec une protection sociale différente. Ce couple IS + TNS est souvent très efficace en optimisation fiscale, à condition de calibrer correctement la rémunération et les dividendes.
SAS / SASU : souplesse et protection sociale renforcée du dirigeant
La SAS (ou SASU à associé unique) séduit de plus en plus de restaurateurs, notamment pour sa grande souplesse statutaire et le statut social du dirigeant (assimilé salarié).
Caractéristiques fiscales et sociales principales :
- Imposition par défaut à l’IS, avec option possible pour l’IR pendant une durée limitée si certaines conditions sont réunies.Ministère de l’Économie
- Déduction intégrale des charges réelles, amortissements et intérêts.
- Président affilié au régime général (assimilé salarié, sauf assurance chômage), ce qui rassure souvent les dirigeants qui privilégient une meilleure couverture sociale.
En contrepartie, le coût global des cotisations sociales est généralement plus élevé qu’en SARL/EURL TNS à rémunération identique. C’est un statut à envisager surtout pour des restaurants avec forte croissance prévue, association de plusieurs investisseurs, ou lorsque la protection sociale du dirigeant est une priorité stratégique.
Comparer les régimes d’imposition BIC pour un restaurant
Micro-BIC vs réel : comment se décide le régime ?
Pour les activités de vente de marchandises et de restauration, les seuils de chiffre d’affaires déterminent le régime fiscal applicable :
- Micro-BIC : CA HT ≤ 188 700 € (vente de denrées, restauration, fourniture de logement).economie.gouv.fr
- Régime réel simplifié : CA HT entre 188 700 € et 840 000 € pour le commerce/restauration.Service‑Public : BIC régime réel
- Régime réel normal : CA HT > 840 000 €.
Vous pouvez opter volontairement pour un régime réel même en dessous des seuils, par exemple si vos charges réelles dépassent l’abattement forfaitaire du micro (71 %). Cette option est prise lors de la déclaration de revenus et est en principe valable pour un an, avec reconduction tacite.Ministère de l’Économie
Pour un restaurant « classique » avec loyer élevé, équipe en salle et cuisine, achats de matières premières importants, le régime réel est presque toujours plus adapté que le micro-BIC.
Impact sur le résultat imposable : charges, amortissements et déficits
Au régime réel, l’optimisation fiscale passe par la gestion fine du résultat imposable :
- Déduction exhaustive des charges : matières premières, salaires, charges sociales, loyers, honoraires, frais de livraison, énergie, marketing, etc.
- Amortissements des investissements (cuisine, extraction, mobilier, travaux) sur plusieurs années, ce qui étale la charge fiscale dans le temps.
- Possibilité de reporter les déficits sur les années suivantes (report en avant) ou parfois en arrière selon le régime et le type d’impôt, ce qui lisse la charge d’IS ou d’IR sur le cycle de vie du restaurant.
À l’inverse, en micro-BIC, le fisc applique un abattement de 71 % sur le chiffre d’affaires pour calculer le bénéfice imposable (vente / restauration), sans tenir compte du niveau réel de vos charges. Si vos charges dépassent 71 % de votre CA, vous payez paradoxalement de l’impôt sur un bénéfice « fictif ».impots.gouv.fr
Tableau comparatif : statuts et optimisation fiscale pour un restaurant
| Statut / Régime | Seuils de CA indicatifs (2025) | Imposition des bénéfices | Charges & amortissements | Avantages typiques pour un restaurant | Points de vigilance |
|---|---|---|---|---|---|
| Micro-entreprise (micro-BIC) | Jusqu’à 188 700 € HT (vente, restauration) | IR, abattement 71 % sur CA | Pas de déduction réelle, pas d’amortissement | Simplicité, idéal pour test d’activité très légère | Souvent défavorable dès qu’il y a loyer, salaires, charges élevées |
| EI au réel (simplifié ou normal) | Réel simplifié : 188 700 à 840 000 € HT (commerce/restauration) | IR – BIC | Déduction intégrale des charges, amortissements possibles | Bon compromis pour petit restaurant exploité seul | IR sur tout le bénéfice dans la tranche du foyer, pas de séparation « personne / société » |
| EURL / SARL à l’IS | Réel simplifié ou normal selon CA | IS (avec possibilité d’option IR limitée) | Charges réelles + amortissements, déficits reportables | Très adapté aux restaurants indépendants, combinaison rémunération/dividendes | Règles de gouvernance à respecter, statut TNS parfois mal anticipé |
| SAS / SASU à l’IS | Réel simplifié ou normal selon CA | IS (option IR temporaire possible) | Idem SARL : charges et amortissements déductibles | Souplesse statutaire, dirigeant assimilé salarié (régime général) | Cotisations sociales plus élevées, formalisme de société par actions |
TVA et restauration : un levier d’optimisation… surtout de sécurisation
En restauration, la TVA est un sujet central. Trois taux principaux coexistent :
- 10 % sur la plupart des prestations de restauration (repas consommés sur place, plats livrés pour consommation immédiate, etc.).
- 5,5 % sur la plupart des denrées alimentaires vendues pour une consommation différée (emballages permettant la conservation).
- 20 % sur toutes les boissons alcoolisées, qu’elles soient consommées sur place ou à emporter.Service‑Public : TVA produits alimentaires – economie.gouv.fr : TVA restauration
Les erreurs fréquentes portent sur :
- La mauvaise ventilation de la TVA entre alcool et non alcool dans les menus.
- L’application d’un taux erroné sur les ventes à emporter ou livrées.
- L’oubli de passer du régime de franchise en base à la TVA réelle après franchissement des seuils.
L’optimisation consiste moins à « jouer » sur les taux qu’à sécuriser l’application des bons taux et la récupération de la TVA déductible (travaux, matériel, frais généraux), tout en évitant les redressements. Un paramétrage précis de la caisse, du plan de comptes et des procédures de facturation est indispensable.
Exemples concrets de choix de statut selon le profil de restaurant
Les exemples ci-dessous sont volontairement simplifiés. Ils illustrent des ordres de grandeur et ne remplacent pas une étude personnalisée.
Cas n°1 : petit concept de street-food en test de marché
Imaginez un food-truck ou un kiosque de street-food avec un chiffre d’affaires prévisionnel de 80 000 € HT, sans salariés, avec un loyer modéré et un investissement matériel limité. Dans ce cas, la micro-entreprise peut se défendre, au moins la première année : formalités simples, pas de clôture de comptes lourde, abattement de 71 % permettant de couvrir les charges. L’enjeu est de surveiller la montée en puissance : dès que les charges fixes augmentent (emplacement plus cher, salariat, travaux), un passage au régime réel devient pertinent.
Cas n°2 : restaurant de quartier avec équipe en salle et en cuisine
Un restaurant de quartier de 40 couverts, avec 4 salariés, un loyer significatif et un CA visé de 350 000 € HT, a tout intérêt à être en régime réel, souvent via une EURL/SARL à l’IS ou une EI au réel. Le niveau de charges (masse salariale, matières, loyer) dépasse fréquemment 70 % du CA : la micro-entreprise serait donc pénalisante. L’IS permet en outre de dissocier la fiscalité de la société de celle du foyer du dirigeant et d’optimiser le mix rémunération/dividendes.
Cas n°3 : projet de brasserie avec investisseurs et forte croissance visée
Pour une brasserie ou un concept scalable (plusieurs établissements à moyen terme, investisseurs au capital), la SAS ou SASU à l’IS est souvent privilégiée : facilité d’entrée et de sortie des actionnaires, structuration du capital, pactes d’associés, et dirigeant assimilé salarié. L’optimisation fiscale passe alors par le calibrage de la rémunération du président, la politique de dividendes et, plus tard, l’organisation de holdings, de franchises ou de licences de marque.
Comment sécuriser et faire évoluer le statut fiscal de votre restaurant ?
Le choix du statut n’est pas figé pour toute la vie du restaurant :
- Vous pouvez quitter la micro-entreprise pour un régime réel par option ou par dépassement de seuils (consecutifs).
- Une EI peut être transformée en société (EURL, SARL, SASU, SAS) si le projet grandit.
- Une société à l’IS peut, dans certains cas, opter temporairement pour l’IR, et inversement, sous conditions strictes et délais à respecter.Ministère de l’Économie
Les pages officielles de Service‑Public « Ouvrir un restaurant » et le portail des formes juridiques d’entreprise rappellent d’ailleurs que le statut doit être cohérent avec le projet (taille, risques, association, financements) et que le passage d’un régime à l’autre obéit à des règles bien précises.
Dans ce contexte, l’accompagnement par un cabinet spécialisé comme Compta Resto, expert de la restauration, permet de simuler plusieurs scénarios (IR vs IS, micro vs réel, EI vs société) avant de trancher.
Questions fréquentes sur l’optimisation fiscale des restaurants
Quel est le meilleur statut fiscal pour un petit restaurant qui démarre ?
Il n’existe pas de « meilleur » statut universel, mais des solutions adaptées à chaque projet. Pour un très petit concept avec faible investissement (food‑truck, activité complémentaire), la micro-entreprise peut convenir au démarrage, grâce à sa simplicité et à l’abattement forfaitaire de 71 % pour les activités de vente/restauration.economie.gouv.fr Dès que le restaurant supporte un loyer important, des salariés et des charges fixes élevées, un régime réel en EI, EURL/SARL ou SASU/SAS devient généralement plus favorable. L’idéal est de chiffrer plusieurs scénarios avec votre expert-comptable avant l’immatriculation.
À partir de quel chiffre d’affaires un restaurant doit-il quitter la micro-entreprise ?
Sur le plan légal, vous pouvez rester en micro-BIC tant que votre chiffre d’affaires annuel HT ne dépasse pas 188 700 € pour les activités de vente et restauration, avec maintien possible une année après un premier dépassement ponctuel.Ministère de l’Économie Mais sur le plan économique, la question doit se poser bien avant : si vos charges réelles représentent plus de 71 % de votre CA (loyer, matières, salaires, énergie…), vous avez intérêt à opter pour un régime réel afin de déduire ces charges et réduire votre base imposable.
Faut-il choisir l’IR ou l’IS pour optimiser l’imposition d’un restaurant ?
Le choix IR/IS dépend de plusieurs paramètres : niveau de bénéfice attendu, besoins de rémunération personnelle, situation familiale et taux marginal d’IR, volonté de réinvestir les bénéfices, perspectives de cession, etc. À l’IR, le bénéfice de l’entreprise s’ajoute à vos autres revenus et peut vite vous placer dans une tranche élevée. À l’IS, l’impôt est d’abord payé au niveau de la société, puis à l’occasion de votre rémunération ou des dividendes. Pour beaucoup de restaurants en croissance, un IS bien calibré (avec mix salaire/dividendes) peut s’avérer plus avantageux, mais chaque dossier doit être simulé précisément.impots.gouv.fr
Comment optimiser sa TVA en restauration sans prendre de risques ?
L’optimisation de la TVA en restauration consiste avant tout à appliquer correctement les taux (5,5 %, 10 %, 20 %) selon la nature du produit (aliment vs alcool) et le mode de consommation (immédiate ou différée).Service‑Public : TVA alimentaire Il est crucial de paramétrer finement votre caisse (ventilation menus, formules incluant de l’alcool), de conserver les justificatifs de ventilation des taux et de vérifier régulièrement vos déclarations. La vraie optimisation vient de la récupération maximale de la TVA déductible (travaux, matériel, charges), tout en évitant les erreurs susceptibles de conduire à un redressement lors d’un contrôle.
Peut-on changer de statut juridique ou de régime fiscal une fois le restaurant ouvert ?
Oui, le statut et le régime fiscal ne sont pas figés. Vous pouvez par exemple quitter la micro-entreprise pour un régime réel, transformer une EI en société (EURL, SARL, SASU, SAS), ou encore opter pour l’IS (ou l’IR) sous certaines conditions de délais.Service‑Public : formes juridiques En revanche, chaque changement a des implications comptables, fiscales, sociales et parfois bancaires. Il nécessite souvent des formalités au greffe, au SIE et auprès des organismes sociaux. D’où l’importance de planifier ces transitions en amont, avec l’appui d’un cabinet d’expertise comptable spécialisé en restauration.
Et maintenant, comment passer concrètement à l’action ?
L’optimisation fiscale de votre restaurant ne se joue pas uniquement sur un tableau théorique : elle se construit sur votre business plan, votre carte, votre masse salariale, votre endettement et vos objectifs personnels. L’équipe de Compta Resto vous aide à modéliser plusieurs scénarios (micro-BIC vs réel, EI vs société, IR vs IS), à choisir le statut le plus adapté puis à le faire évoluer au bon moment. Pour aller plus loin, découvrez nos services d’accompagnement comptable, fiscal et social dédiés aux restaurateurs et demandez un devis pour une étude personnalisée de votre situation.



